Camarades

Le roman se met en place en suivant chacun des protagonistes. Des histoires singulières, éloignées, des personnalités et des milieux différents. En privilégiant ainsi la présentation des personnages, l’auteur parvient à leur donner densité et profondeur. Chacun d’eux a sa part d’ombre, de souffrance et seul le lecteur le sait. Les autres personnages en auront l’intuition mais la pudeur, le respect est la base de la relation entre ceux qui au fil du récit vont devenir « des camarades ». « Camarades » pas « amis » car le terme est lourd d’engagement politique aussi. Sous Napoléon III, la presse politique, satirique prend son essor. La contestation gronde. Venus de milieux éloignés, les hasards de la vie provoquent des rencontres inattendues. Chacun des personnages, Eulalie, Gisèle, Evgueni, Eddie est animé du désir de modifier le cours des choses. D’autres personnages, le médecin Pernille Jensen, les journalistes Gailbraith et Clara, l’imprimeur Garaï, l’herboriste Lucienne vont jouer un rôle décisif dans le destin des jeunes gens. Les fils d’histoires différentes se croisent, et Paris sera le lieu de leur rencontre. La guerre contre la Prusse, le siège de Paris, et surtout l’épisode tragique de la Commune les réunit. La vie les avait contraints à murir très tôt, leur engagement les soude. L’auteur dresse un tableau très juste des milieux sociaux, des idées nouvelles qui animent la société, des tensions politiques. Les destins des uns et des autres invitent à la réflexion : place des femmes dans la société, sens de la liberté individuelle, responsabilité de la presse, engagement politique… Roman d’une grande ampleur, Camarades pose des questions toujours d’actualité. Bernadette Poulou