Podkosova, Ludmilla - Oskar


Parcours de femmes pendant la guerre. Et la guerre aussi, bien sûr. 11 Novembre 1918, c’est l’armistice. Au petit village de Creuzy-sur-Marne c’est la fête, mais beaucoup manquent pour cette liesse. Le chagrin que ravive cette journée amène la mère de Louison à lui faire lire les lettres de son père mort dès le début de la guerre. Elle montre aussi les objets qu’on lui a ramenés, lui appartenant. Ces lettres disent tout, le cafard, la mitraille, l’horrible. Le 3 Décembre 1915, dernier message. Deux ans après, veuve de guerre, seule, elle tient l’atelier que dirigeait son mari. Beaucoup de femmes l’ont fait, dans ces villages où parfois tous les hommes étaient appelés au front ! Ce qui tracasse Louison, c’est aussi l’absence de son frère parti depuis 1916. Eté 19, il n’est toujours pas là. Louison décide de partir à sa recherche. Idée folle. Verdun ? Non, c’est à Reims qu’elle peut retrouver sa trace. Obstinément, elle attend, gagne sa vie et un soir de cette fin d’été 19 sur un quai de gare, son frère lui apparaît. Ou plutôt son regard tant il est maigre. Etreinte interminable, il lui raconte tout. 3 années de captivité. C’est à Creuzy que le roman s’achève mais Louison, elle, repart à Reims. Les femmes ont désormais accès au baccalauréat scientifique, elle sera architecte. Le temps alors de toutes les reconstructions. La structure de ce roman qui alterne les descriptions de la vie à l’arrière et les lettres du front, le temps de l’armistice et celui de la guerre, le temps de la mère et celui de la fille, en fait un tout et tient le lecteur de bout en bout. Réussi. Un dossier sur “les femmes françaises et la guerre 1914-1918”, sur les tranchées ainsi qu’une chronologie complètent ce roman de la collection “ Histoire et Société” chez Oskar éditeur.

Marie Dufon Roche