Passeuse de rêve

Les rêves sont fabriqués par de petits êtres bienfaisants et discrets, la nuit, pendant le sommeil des humains. Ils travaillent dur à récolter des fragments de bonheur sur les objets quotidiens des dormeurs. Ils ont pour mission de leur octroyer les meilleurs rêves possibles. Le lecteur suit les nuits laborieuses de Tatillonne, Vieux et Mince, Petite qui apprend le métier. C’est par son regard ingénu et enthousiaste que l’on découvre la maison d’une femme solitaire et âgée. Elle vit avec son chien et s’apprête à recevoir chez elle un jeune garçon « en colère », placé par les services sociaux. Avec son arrivée, vont débarquer les Saboteurs, semeurs de cauchemars.

La description de ces deux mondes qui se côtoient est d’une délicatesse incroyable. Dans un langage soigné et précis, Lois Lowry crée une ambiance intelligente. Elle nous offre du rire et de la douceur, de la tristesse et du suspens. Elle traite de la maltraitance avec des mots précis (l’enfant humilié à qui le père fait manger de la nourriture pour chien), elle ne tourne pas autour du pot, mais ne juge pas non plus. Le garçon est malheureux et sa hargne s’exprime contre la femme qui ne départira jamais de son calme.

Un roman dans lequel je replongerai avec plaisir tant les personnages des passeurs de rêve sont attachants. Particulièrement Petite, l’apprentie passeuse de rêves, aux caresses douces comme de la soie. Sophie Ducharme.