Eric Pessan - Ecole des loisirs


Poétique, vertigineux. L’exaltation, le sentiment d’être au-dessus, plus libre, plus fort. Une terrasse au 18ème étage, l’absence de garde-fou, le danger. Maitre du monde. De sa vie, de sa mort. Puis, le vacarme épouvantable qui se fait dans la tête de Thomas le narrateur. L’inconscience fatale. Annoncée dès le début mais toujours en suspens. Et soudain, observer Thomas se découvrant lui même presque un assassin. Du 18ème, ils ont lancé des bouteilles de bière, vides. Trois copains. Pour s’amuser. Depuis, le jardinier est dans le coma. Coupable, lequel ? Complices, responsables, criminels ? Pourtant, pas fait exprès, pas tout seul. Toutes les questions qui peuvent se poser à chacun. Un tsunami pour Thomas qui met en contrechamp sa lecture de Crime et Châtiment. Très réussi. L’écriture suit les assauts des tortures morales et toutes les esquives que tente Thomas. Les émotions sont fouillées, les doutes, en boucle, partagés. Nous sommes dans son cerveau, saisis de vertige, pour les mêmes interrogations. Jamais didactique.

Marie Dufon-Roche