Troie, la guerre toujours recommencée

Après Ulysse, Oedipe, Orphée, Thésée, voici le bouillant Achille. Yvan Pommaux continue à creuser son ambitieux projet inspiré de la mythologie grecque et semble ici quitter le héros unique pour s’attaquer carrément à la guerre de Troie, sujet du poème épique d’Homère, l’Iliade. Cette guerre dura interminablement et l’épopée d’Homère est un foisonnement complexe de batailles, de noms, d’épisodes. Gageure que de représenter cela. L’auteur se dessine en aède actuel qui raconte l’histoire à des enfants : la BD développe le début de la guerre et ses causes, les épisodes autour d’Achille jusqu’à la mort d’Hector et étonnamment, l’aède Pommaux résumera, sans les représenter, la mort d’Achille, la fameuse histoire du cheval de Troie et la prise de la ville.

Le plus remarquable chez Pommaux est l’organisation de sa page qui entremêle vignettes bordées, images ouvertes et une grande quantité de texte. Comme le poète Homère, Pommaux fait alterner les points de vue des Grecs et ceux des Troyens et l’affaire se complique encore avec la présence constante des dieux de l’Olympe au-dessus des hommes ( ce que Pommaux traduit avec des nuages) mais aussi parmi les hommes (ainsi voit-on Athéna voler pour dévier la flèche destinée à Ménélas !).

Avec ces dieux représentés rigoureusement semblables aux hommes, et ces héros innombrables, nous nous perdons un peu dans cette profusion de profils grecs et de casques à cimiers divers… Il y a d’incroyables images de batailles et la litanie du défilé des armées est impressionnante, à la hauteur de ce qui fut « la mère de toutes les guerres ». Mais Pommaux a finement centré sa BD sur Achille, Achille et sa mère Thétis, Achille qui « se retire sous sa tente », la grande colère d’Achille, sa douleur à la mort de Patrocle, et sa terrible vengeance. Très bel album qui donnera envie de lire la suite et le détail de sa mort… et donc L’Iliade ?…

Claudine Charamnac Stupar