Album
Myung-Ae Lee /trad (du coréen) Eun-Joo et Flore Carré – Sur mon île
De La Martinière Jeunesse, 2019. 13,90€ – 9782732490564. Dès 5 ans
Mots clés : album, océan, pollution plastique
Album qui présente le drame du plastique dans l’océan
Très bel album dont le fil narratif est porté par la finesse de l’illustration : un animal, un oiseau peut-être, commente le drame qui se joue dans le Pacifique. Il nous parle de son île, celle que les humains créent avec leurs déchets. Une île de plastique au beau milieu de l’océan ; les premières pages sont saturées de dessins noirs où percent parfois de petites touches de couleur : le monde des hommes croule sous des entassements de pneus, de ballots, l’espace est envahi par des êtres identiques tous porteurs d’un sac coloré. Et tout finit par se déverser dans l’océan. Les animaux découvrent cet univers avec curiosité. Mais ils y laissent leur vie. Et, à peine essaie-t-on de nettoyer l’océan de cette île de plastique qu’elle se reconstitue. Sans fin ? L’illustration, très réussie, souligne la fragilité des animaux victimes de cette pollution. Bernadette Poulou
Documentaires
Elisabeth Dumont-Le Cornec/ill. Capucine Mazille – L’odyssée des rivières
Les Éditions du Ricochet, 2019. 13,50€ – 9782352632320.
Mots clés : album documentaire, rivière, faune, flore
Faune et flore des rivières sont présentées dans cet album documentaire
Cet album à l’italienne présente au fil de l’eau, animaux et plantes caractéristiques de cet écosystème. Le texte documentaire apporte juste les explications nécessaires de façon à alléger la lecture. Les illustrations offrent de bons moments d’observation par leur précision. Les aquarelles sont légères, bien construites : elles réunissent sur une même double-page les animaux appartenant à tel ou tel milieu : « bord de l’eau, dessus ou dedans ». Sans être très original, ni défendre un engagement écologique c’est un album bien fait. Bernadette Poulou
Amandine Thomas – Océans… Et comment les sauver
Sarbacane, 2019, 16,90 € – 9782377312313. Dès 8 ans
Mots clés : album, documentaire, préservation des océans
Un documentaire ludique pour découvrir l’océan aujourd’hui
Réalisé en partenariat avec l’association Planète mer, cet album a pour objectif de sensibiliser le jeune lecteur aux problématiques posées par la préservation de l’océan. La démarche didactique permet de poser les bases d’une réflexion : qu’est-ce que l’océan ? l’écologie ? la biodiversité ? un écosystème ? Ce sont les données nécessaires à la compréhension des problèmes posés par la pollution. Le lecteur pourra aussi se reporter en fin d’ouvrage où il trouvera une définition des termes utilisés. Zone par zone, le lecteur va découvrir les particularités d’un milieu et les menaces qui pèsent sur lui. Sont ainsi abordées, par exemple, la grande barrière de corail d’Australie, l’Arctique, la mangrove des Sundarbans, les îles Kiribati etc. A chaque zone sa double page : le texte est agréablement divisé en pavés : description, explication, et des jeux (vrai ou faux ? question) qui invitent le lecteur à réfléchir de même que le paragraphe « et toi dans tout ça ? ». L’illustration, des aquarelles aux couleurs vives, a un côté enfantin rassurant. Ainsi est évitée une présentation dramatique de la situation, ce qui correspond bien au projet « Océans… Comment les sauver. » Bernadette Poulou
Séverine De La Croix : ill. Laurent Audouin – Mission océan
Glénat jeunesse/Sea Shepherd kids, 2019,16,95€ – 9782344035542. A partir de 9-10 ans
Documentaire, océan, destruction
Un album documentaire sur l’importance de la défense de l’océan
Le projet de l’ouvrage est annoncé dès le titre : « Apprends les gestes qui sauvent le monde marin ! » Après une présentation bien documentée sur la formation de l’océan, sont abordées les problématiques écologiques : surpêche, réchauffement climatique, acidification des eaux, rejet des détritus ; et partant de là, les catastrophes observées : disparition de certaines espèces, fonte des glaciers, montée des eaux. Le rôle d’ONG comme Sea Shepherd est exposé ainsi que la présentation de pratiques responsables. Ce documentaire très complet est astucieusement mis en page : le texte, mis en valeur dans des pavés de couleurs, s’accompagne d’illustrations qui pour jouer sur l’humour n’en sont pas moins explicites. Ainsi la disparition des requins représentés pendus tête en bas est claire. Un livre formateur. Bernadette Poulou
Romans
Sylvie Deshors/ images de Solenn Larnicol – La maison en haut du monde
Rue du Monde, coll. Roman du monde, 2019, 10,80€ – 9782355045653. A partir de 8 ans
Roman, montagne, collectivité, choix
Le choix d’une vie différente
Tomi, 11 ans, et son père vivent seuls en montagne. On ne sait pas précisément ce qui les a amenés là, sinon que le père refuse la vie « d’en-bas » devenue un désastre – nature défigurée, pollution- qui s’ajoute au décès de sa femme. Plus rien ne le retenait. Ils mènent une vie sereine dans une maison trop grande que le père souhaite ouvrir à d’autres qui pourraient s’y réfugier, y vivre. Il descend dans la vallée pour le faire savoir. Tomi voit arriver des visiteurs qui trouvent leur place, participent. Les enfants pour éviter tout conflit décident de créer une troupe de cirque. Mais l’attitude inquiétante des animaux qui fuient en altitude les avertit d’un danger. Il leur faut partir, continuer de monter pour échapper au péril.
Ce beau récit empreint de sensibilité est riche aussi d’une réflexion sur le monde que l’humanité détruit. Une autre façon de vivre se dessine dans cette petite communauté prête à accueillir d’autres hommes. Le lecteur se laisse porter par une écriture qui sait jouer de l’implicite.
Les aquarelles de Solenn Larnicol par leur fraîcheur, leur humour léger-qui n’est pas sans rappeler le style de Jacqueline Duhême- donnent un ton plus léger au récit. On notera aussi l’utilisation de gros caractères qui facilitent la lecture. Bernadette Poulou
Aylin Manço – La dernière marée
Talents Hauts, 2019. 15 € – 9782362662652. Pour les 10-14 ans
Mots clés : roman, réchauffement planète, premières amours
Découverte de l’amour sur fond de catastrophe climatique
Elo vient avec ses parents passer ses vacances dans leur station balnéaire habituelle. Sa mère Anna est championne de natation et Elo adore nager avec elle dans la mer. Mais cette année la mer a disparu ou plutôt s’est éloignée considérablement du rivage à cause d’un reflux des eaux tellement puissant qu’il entraine les nageurs vers le large sans possibilité de rejoindre la plage. En raison de cette situation, les vacanciers ne sont pas venus et la station est morne et vide. Heureusement Elo va rencontrer Hugo, en vacances dans la cité avec sa mère et ses deux petits frères. Les deux ados vont s’aider à affronter cette situation tragique. Livre intéressant sur les conséquences d’une catastrophe climatique, la difficulté d’une adolescente à subir le malaise de ses parents et les émois d’un premier amour. Chantal Kaeuffer
Aurélie Wellenstein – Mers mortes
Scrinéo, 2019, 17,90€ – 9782367406602. A partir de 14-15 ans
Dystopie, catastrophe climatique, responsabilité
Un roman saisissant sur la disparition des océans
Les océans ont disparu et avec eux toute vie. Les quelques humains rescapés de la catastrophe qu’ils ont provoquée se terrent dans des bastions, des cavernes afin d’échapper aux marées provoquées par les fantômes de tous les animaux disparus. Ceux-ci, animés par la vengeance, ont besoin de se nourrir des âmes des survivants qu’ils viennent affronter périodiquement dans des combats redoutables. Seuls quelques hommes sont dotés d’un pouvoir d’exorciste qui leur permet de se protéger, eux et leur communauté. Tel est Oural, héros principal, capturé par Bengale, un capitaine de vaisseau pirate. Entre eux vont se tisser des liens de défiance avant de devenir amitié. Si l’histoire des deux personnages principaux est la charpente du roman, le plus prenant se trouve dans les scènes d’assaut des marées. D’une précision clinique qui rend les choses visibles, elles ont pour but de dénoncer les comportements humains ayant mené à la disparition des océans. Ainsi, lors d’une marée, les pirates, accablés par la chaleur, englués dans une nappe noire de pétrole vivent ce qu’ils ont fait vivre aux animaux lors de marées noires. De même, les cauchemars qui assaillent Oural et Bengale et les empêchent de trouver le repos leur font ressentir dans leur chair les souffrances infligées aux poissons, comme par exemple au phoque qui s’étouffe en avalant des déchets.
Ce roman glaçant est remarquablement écrit : le lecteur ne cesse d’être surpris, dérangé. Si le roman avait pour but de sortir le lecteur de sa tranquillité, il y réussit parfaitement. Bernadette Poulou