Sigrid Baffert - MeMo

Illustrateur : Adrienne et Léonore Sabrier

Un baoyé est un arbre « aux fruits plus juteux que des mamelles de buffle bleu » appelés kourés. Quand les Déracineurs sont venus, chassant les villageois, la famille a rempoté le baoyé dans un tonneau pour l’emmener ; ainsi vont dans leur errance à travers le désert « deux fermiers Manké, leur descendance dépareillée et le dernier baoyé ». Famille étonnante, en témoigne le nom de son âne malheureusement mort au moment du départ : Spinoza ! Onze kourés restant sur le baoyé pour seule subsistance, il faut apprendre à supporter la faim et la soif, retarder, partager. Mais le désert n’en finit pas, la souffrance est grande. Le texte est magnifique, mêlant poésie et langage familier, récit fait du point de vue du garçon qui, piqué par un scorpion, va frôler la mort et sans doute sauver la famille par sa prière de vie. Récit un peu magique qui dit surtout la douleur des errants, migrants et autres exilés de force, mais aussi la force du désir de vivre, la puissance de la solidarité familiale, c’est un petit roman touchant dont les illustrations en pleine page, hypercolorées, soulignent l’exotisme magique.

Claudine Charamnac Stupar