Barroux - Seuil Jeunesse


Ce livre a une histoire bien particulière : au milieu de divers objets venant d’une maison vidée certainement après le décès de son occupant, Barroux ramasse un cahier. C’est le journal qu’a tenu un poilu au tout début de la guerre d’août à septembre 1914. L’auteur blessé au bras est hospitalisé. Ses dernières phrases : « C’est toujours la même vie, je m’ennuie à mourir et j’ai le coeur bien gros. Je regrette parfois de n’être pas resté sur la ligne de feu. » Pour l’auteur de ce carnet, les premiers mois de guerre sont marqués par l’épuisement : épuisement des déplacements, épuisement dû au manque de sommeil. Bien sûr, les affrontements ont commencé mais ils n’ont pas la violence qu’ils atteindront plus tard. Ce n’est pas encore l’horreur de la guerre des tranchées. Tout l’intérêt de ce témoignage réside dans ce qu’il nous apprend du début de la guerre. Barroux a un trait gras qui convient bien au ton sombre du récit. Inquiétude pour sa femme, abattement en voyant les villages abandonnés, ennui parfois quand il faut attendre…Le découpage renforce cette impression de lenteur avec deux vignettes par page le plus souvent. La photo de la couverture du cahier et d’une double page où est copiée une chanson rappellent qu’il y a un document authentique à l’origine de ce roman graphique.

Bernadette Poulou