Lecourtier, Féret-Fleury, Dufresne - Flammarion

Illustrateur : Flusi, Girel, Buguet

Déjà publiés séparément aux Classiques du Père Castor en 2002 et 2003, un conte vietnamien , un conte chinois et un conte japonais sont ici rassemblés ; ce pourrait être artificiel, s’il n’y avait l’ancrage dans une réalité à la fois historique et géographique avec des empereurs tyranniques et leur cour de puissants et de pauvres villageois qui travaillent et ne doivent qu’à leur solidarité et à leur sagesse de pouvoir faire face aux malheurs divers. Et ces contes sont bien tous des parcours initiatiques vers l’âge d‘homme, qu’on pourra lire et relire à nos enfants. Mais je voudrais ici surtout souligner que, derrière une couverture plutôt simpliste, les illustrations sont une leçon d’art en l’occurrence : trois illustrateurs se sont emparés de ces récits asiatiques ; Le démon de la vague aurait pu être illustré par Hokusaï !…Marie Flusin a choisi, elle, une aquarelle légère, teintes liquides et dessins comme des fils, aussi (faussement) frêles que les
voiles des sampans et la toile de l’araignée qui sauvera le village. Stéphane Girel a interprété l’histoire du Pinceau magique, toits à pagodes et costumes chinois, avec sa patte plutôt terrienne bien identifiable,
peinture à la fois épaisse et nuancée, images construites comme du Cézanne. Anne Buguet dans Le grand père qui faisait fleurir les arbres fait des références précises à la grande tradition des peintres
japonais réalistes tels Utamaro au dessin appuyé, anguleux, rendant attitudes pittoresques et expressions caricaturales ; le texte est encadré de motifs décoratifs comme ceux des kimonos, dans une composition
complexe de chaque page. Parallélismes et oppositions, ces trois types d’illustrations s’enrichissent de ce rapport dynamique et créent un album cohérent de grande qualité.

Claudine Charamnac Stupar