Dole, Antoine - Sarbacane


Lui, 13 ans, boxeur qui tangue d’un bord à l’autre du ring. Toujours ramené au centre de sa douleur. Sa différence. Son impossibilité à dire. D’un côté papa et ses leitmotivs: un garçon ça ne pleure pas, ça ne se laisse pas faire. Un garçon ça règle ses comptes tout seul. Et puis, si tu arrêtes de te laisser faire, ils arrêteront de s’en prendre à toi! De l’autre Vincent et sa bande. Les coups ! Les humiliations. Tous les jours, plusieurs fois par jour. Alors t’es pédé ou quoi !  Au milieu, les professeurs qui ne voient pas, et notre ado dans l’impasse, entre la cruauté des uns, l’inattention des autres et surtout, la déception immense que trahissent les yeux et la voix de son père. Ses sempiternelles injonctions. Plutôt que de le décevoir, il s’oblige à fuir les uns, éviter l’autre, mentir à tous.Mais Sarah, une fille du collège, proche de « la bande à Vincent », va prendre son parti. Sans grande efficacité pratique, son soutien va cependant faire sortir notre « héros » de sa résignation. Son désespoir va exploser, à la maison, devant son père, pour son père. La réaction est immédiate – je t’aime comme tu es. Même s’il faudra du temps pour apprivoiser les mots, la formule salvatrice a été prononcée.
C’est le héros lui-même qui dit son voyage aux limites du gouffre. Et son voyage intérieur, refoulé, posé en italique. Procédé très efficace qui amène le lecteur au plus près des émotions du garçon. Dire sa vérité, se faire aimer d’un père qui vous rejette pour cette vérité même, se relever et repartir ! Très réussi, douloureux mais aussi réconfortant et apaisant. Beau personnage de fille.

Marie Dufon Roche