Vinciane Moeschler - Muscadier (Le)


Deux voix narratrices tissent ce roman qui pourrait d’abord être un roman d’amour, celui d’un amour naissant entre deux adolescents de milieux fort différents : Anton, « produit hybride » dit-il, d’une caribéenne et d’un tchèque, a une vie précaire et des difficultés scolaires, Audrey a des parents aisés mais absents, sa mère est une reporter connue qu’elle admire. Mais l’intérêt du roman est dans le thème essentiel de l’anorexie qui en fait comme une tragédie annoncée. Seuls ses amis voient Audrey s’enfoncer peu à peu dans l’anorexie, les parents ne voient rien, Anton est ce regard extérieur, lucide, inquiet, aimant. L’adolescente, elle, n’a pas conscience de la situation ou justifie son comportement alimentaire mortifère. Le parallèle entre les deux discours rend évidente l’extrême difficulté de traiter ces malades qui ne se reconnaissent pas comme tels. C’est par ailleurs finement écrit, et ponctué des haïkus qu’Audrey écrit de façon compulsive.
Excellent.

Claudine Charamnac Stupar