Clémentine Beauvais - Sarbacane


4. Le sujet est original : Valentin va faire son année de service civique dans un centre qui accueille des personnes atteintes d’Alzheimer et rédiger un rapport de stage. La particularité du lieu ? Pour diminuer les effets néfastes de la maladie et adoucir la vie des patients, le cadre de leur vie (là où leur mémoire s’est arrêtée) est reconstitué. Valentin découvre ainsi les années 60 qui très vite le passionnent : mobilier, vêtements, mais aussi films, musique et surtout Françoise Hardy. Il a comme mission d’organiser un concert et de faire venir l’artiste. Par ailleurs, Valentin découvre les différentes personnes qui encadrent son stage. Le roman a donc la forme d’un rapport d’un stage qui a en fait une double fonction : garder trace des actions et interrogations du narrateur et souligner les aberrations de cet exercice de style. Clémentine Beauvais a le sens de la formule qui fait mouche, l’écriture est alerte, sensible. Mais, à vouloir trop coller à l’exercice « rapport de stage » j’ai regretté des longueurs.

Bernadette Poulou

2. On est habitué au style très décalé de Clémentine Beauvais, très oralisé proche du langage des ados pour traiter de sujets parfois sérieux, comme ici celui de personnes âgées atteintes de la maladie d’Alzheimer. Si la forme narrative, celle d’un rapport de stage, était assez intéressante pour un tel sujet, on pourra cependant regretter la caricature qui en est faite, notamment à travers les consignes données pour ce type d’exercice classique à des étudiants. Le sujet est traité de manière très dédramatisée avec beaucoup d’humour loufoque et kitch, mais aussi beaucoup de descriptions très longues et des réécritures, notamment de passages du rapport de stage (jusqu’à 4 pour la biographie de Solna, qui même si elles sont censées donner des éclairages différents sur le passé ou des aspects de la mémoire) deviennent à la longue ennuyeuses. Le narrateur Valentin dont on se demande au début s’il est handicapé moteur, retardé immature, ado coincé ou juste un peu « neu – neu » évolue quand même au fil des pages, et s’épanouit à travers ce stage qui l’amène même à regarder différemment sa situation familiale. Le style se laisse aller à des jeux sur la langue, un peu trop faciles : « monde riant » pour Mondrian ou « la maison où j’ai grossi » pour « la maison où j’ai grandi », chanson de Françoise Hardy. Bref, je me suis beaucoup ennuyée à la lecture de ce roman !

Janie Coitit Godfrey