Jean-Jacques Marimbert - Casterman


Pari difficile. Vivre de l’intérieur les émotions d’un jeune enfant sourd de neuf ans et partager aussi les difficultés de l’entourage. Camille à la maison, Camille à l’école, Camille gagne son indépendance, enfin sa propre clé de la maison. Toujours avec le ressenti de Camille. Le lecteur perçoit un peu mieux ce difficile voyage. Sa passion aussi, les papillons et ce Bebearia Phantasia envoyé d’Afrique par son père et qui le soustrait à cette réalité étouffée qu’il faut toujours déchiffrer. Rester en alerte partout et tout le temps. Comme le cancre de Prévert, il s’envole par la fenêtre… Il se rêve aussi, libéré, sur le scooter de Rita. Mais la réalité retombe, le Bebearia volé, retrouvé, confisqué, et c’est alors le tremblement intérieur, le moment de rupture que nous approchons avec Camille. Hors d’atteinte, seul avec sa rage ! La fugue enfin, au Muséum, et la nuit peuplée d’animaux et de papillons sous un ciel évidemment africain… Au matin il se réveille plus fort. Comme après un long voyage, il s’est trouvé. Confiant. Il est du pays de sa passion. Il peut retourner vers ses parents, vers les autres. Il a envie de partager. Nous l’avons suivi. Pari réussi.

Marie Dufon Roche