Lewis Carroll - Martinière Jeunesse (de La)

Illustrateur : Eric Puybaret

Encore une Alice ! Pauvre Alice , cela doit bien faire la 50ème traduction/adaptation, abrégée qui plus est, réduite ici à l’heure du thé avec le chapelier – nous annonce-t-on sur la page du titre – mais qui se poursuit avec la partie de croquet avec la reine. Et ensuite Alice se réveille… ce qui est une trahison complète du texte ! Le problème n’est pas tant le fait que ce soit une nouvelle illustration d’Alice, fort bien réussie d’ailleurs. On comprend qu’un illustrateur puisse être tenté d’apporter sa vision, son imaginaire à un texte aussi riche. Mais encore faut-il que le mot « texte » veuille encore dire quelque chose : ici 2 chapitres de la version originale d’Alice, car adaptables pour des enfants de 4 ans, nous dit-on, et 7 ans en lecture autonome. Il n’y a plus de contexte, plus d’articulations, plus de traces de jeux de mots ni de références culturelles. C’est une Alice
squelettique ! Pourquoi partir du principe qu’il faut tronquer le texte pour faire apprécier une oeuvre aux enfants ? Pourquoi ne pas accepter qu’en fonction de son âge, à 4 ans, à 6 ans, à 10 ans, à 12 ans… il y trouvera de toute façon quelque chose ! Quelque chose de nouveau à découvrir et à apprécier, au fil des relectures et de la maturation ! On comprend que l’édition Jeunesse doive vivre, et parfois survivre dans un marché difficile. Mais la littérature jeunesse risque de perdre son âme dans cette approche marketing du saucissonnage des âges !!!

Janie Coitit-Godfrey