Persan, Eric - Ecole des Loisirs


J’avais beaucoup aimé un précédent roman d’Eric Pessan Plus haut que les oiseaux. On retrouve dans ce récit la cité en toile de fond, grisaille et chaleur mêlées, grisaille du quotidien, un père à la main leste, toujours en colère : le quotidien d’Antoine, le narrateur. Pour Tony, une famille aimante qui vit dans la crainte de la reconduite à la frontière. Et un matin, c’est la rupture : partis en courant vers le collège, les deux garçons continuent leur course… Des jours de course en évitant les villes : ils éprouvent leur corps, douleur et plaisir mêlés, ils courent, trouvent des abris de fortune, commettent de petits larcins pour se nourrir. Complicité heureuse, silence bienfaisant, ils accompliront presque 400 km. Au bout de leur
parcours, ils donnent un sens à leur course : une revendication pour que Tony puisse vivre en France, y faire ses études. L’écriture est belle : il y a de l’ivresse dans la course, du bonheur profond à se détacher des soucis, à n’être plus qu’un corps qui se nourrit des sensations fugaces procurées par les endroits traversés. Les chapitres très brefs s’enchaînent, la phrase est rythmée. Un très beau roman qui a reçu le Prix de la Nouvelle Revue Pédagogique en 2015.

Bernadette Poulou