Yves Grevet - Syros


Nous sommes fin XIXe dans l’Italie du Nord, Bologne, Turin. Diligence et jupes longues, les jeunes filles ne sortent pas sans être dument chaperonnées. Dans ce roman à la 1ère personne, Frida 16 ans, va devoir se plier à ces coutumes de bienséance, lorsqu’elle est recueillie par le Docteur Gruber, elle qui a vécu en sauvageonne et dont les parents ont été accusés de crimes et pendus. Le docteur respire la bonté mais il s’avère vite à l’héroïne que l’intérêt du médecin, pour être scientifique, n’en est pas moins pervers : en effet, pour Gruber associé à un éminent scientifique Galeazzo, elle n’est qu’un cobaye dont ils veulent prouver que, ses parents étant criminels, elle porte tous les germes du mal en elle. L’argument crée une action tout à fait palpitante et surtout il s’appuie sur une réalité historique, l’intérêt de cette fin de XIXe siècle pour les sciences de la psyché, de la folie et autres comportements humains, les débuts
de la criminologie. Le personnage de Galeazzo est directement inspiré par Cesare Lombroso, psychiatre italien qui avait des théories déterministes sur les criminels. Ces théories vont avec des projets sociaux visant à sélectionner des populations, base de l’eugénisme. Le titre semble un peu anecdotique par
rapport aux thèmes de ce gros roman de 400 pages où on retrouve les valeurs de résistance à l’oppression et d’apprentissage de la liberté déjà appréciées dans les autres romans d’Yves Grevet comme Méto.

Claudine Charamnac Stupar