Dominique Legrand - Oskar


A l’arrivée d’un chat noir qu’ils ont tant désiré, un père de famille regarde froidement la joie de ses enfants et de son épouse : il est contrarié et n’arrive pas à s’endormir le soir. Dans cette demi-veille surgit l’image de son grand-père arrêté en 1944, juste avant la Libération, à la station de métro Château de Vincennes. Suit toute l’histoire de cet otage, son grand-père enfermé dans une cellule après avoir été témoin d’une série d’exécutions. Seul un chat noir se promenait au milieu des SS dirigeant leurs canons sur les futurs exécutés,
tout en caressant parfois le chat. L’exécution de son grand-père est différée au lendemain matin : celui-ci passe une nuit de transe et d’horreur dans sa cellule en pensant à son épouse et à son fils. Le chat suit les soldats et finit par pénétrer à travers les barreaux dans la cellule de son grand-père qui redoutait les chats. Mais dans cette situation extrême, il trouve de l’apaisement en touchant la fourrure de l’animal et même un certain réconfort. Le lendemain un jeune soldat au milieu de la panique générale vient ouvrir la cellule : geste d’humanité,car les alliés arrivant, les Allemands sont en fuite. Le chat «salvator » est toujours là…
Plus de 70 ans après ces faits, le père se surprend à caresser le chat noir de ses enfants comme pour le remercier de cette tendresse qu’avait ressentie son grand-père dans cette situation perdue indicible. « Il faut ouvrir ses yeux et son coeur pour découvrir ce qu’on ne voyait pas auparavant ». Ce roman retrace avec justesse le climat d’insécurité permanente durant cette guerre de 40-44 . Les états d’esprit des camps adverses sont bien saisis avec de jeunes soldats enrôlés de force et ne partageant pas forcément les valeurs
du Reich et une population exposée aux dangers les plus radicaux. C’est une bonne manière de faire comprendre à une jeunesse habituée à un climat de paix ce qu’ont pu vivre leurs ancêtres et une leçon favorable à l’accueil et au changement de point de vue : ce qui parait hostile peut devenir parfois un réconfort.

Paule Bloch