Léon, Christophe - Oskar Jeunesse


Cité Lilas. Un condensé des difficultés rencontrées dans une cité de la banlieue parisienne. Une mère seule, handicapée et son fils de quarante ans souffrant d’un retard mental. Ses amis sont les jeunes ados de la cité. Ils utilisent son gabarit pour les matchs de foot ! Mais Jeancri est secrètement amoureux de la soeur de son meilleur copain Tintin et lorsque celle-ci fait une fugue, ils vont tous partir à Paris pour la retrouver. Aventures improbables et très rocambolesques. Le malheur, l’entraide entre les plus démunis, la débrouille, la vie. Mais un roman-réalité comme la télé-réalité. Une écriture sans filtre, sans distance, ou des pirouettes appuyées. Trop. Vraiment trop. Démagogie du style qui rajoute aux tournures incorrectes les expressions déformées et la syntaxe malmenée. Et toujours “le Tintin, la soeur du Tintin, le Miloud, le Kouma », et “ dis maman pourquoi le Tintin il dit toujours que j’ai été bercé trop près du mur ?” Le lecteur peut se sentir voyeur et complice du sordide ou en rejet s’il n’appartient pas à la cité, humilié si c’est de lui qu’il est question. Le traitement caricatural fait de ce groupe n’aide pas forcément au respect, même si la gravité du thème sauve la fin du roman lorsque la perspective d’une rédemption s’amorce pour deux des personnages. Mais aussi, une écriture qui ose adopter le langage de certains,
même si c’est un peu caricatural, ceux-là apprécieront de se reconnaître. Un thème qui ose dire le sordide, la misère sociale, affective et la chute des plus démunis. Cette visibilité pourra-t-elle apaiser leur détresse ?

Marie Dufon Roche