Simon Martin - Cheyne

Illustrateur : Jacques Bibonne

Faire de sa maison un poème est une sacrée aventure. Dans ce livre l’auteur nous invite
non seulement à habiter sa maison mais à faire qu’elle « nous habite ». La maison devient sous la plume de Simon Martin une personne que l’on rencontre, avec laquelle on peut dialoguer, même s’il dit : « Ma maison manque de poème Elle n’a pas le temps dit-elle toujours couvrir cacher protéger écouter s’ouvrir accueillir »… La maison est cet espace intime certes (bien qu’habitée aussi par des souris, des araignées, des mouches) où on peut tout de même « loger un poème ». Proposition : que ce texte magnifique puisse être mis au programme des écoles d’architecture, ce qui permettrait peut être que les techniciens
s’intéressent un peu plus à la manière d’habiter des murs, Simon Martin disant qu’une maison est « un toit tourné vers le ciel quatre murs plantés dans la terre », phrase qui peut paraître banale mais donne la dimension presque spirituelle de la construction d’une maison, celle-ci faisant le lien entre la terre ferme, la réalité et le ciel comme horizon poétique ou utopique. Dans la collection POEMES POUR GRANDIR, ce texte est donc destiné aux enfants qui saisiront facilement le contenu poétique, mais ne le réservons pas aux enfants, car ce poème parle à tous les âges et sans explication. D’autre part, il faut remarquer que Cheyne éditeur présente les illustrations de Jacques Bibonne comme « images ». C’est important : elles ne font pas qu’accompagner le texte mais l’explicitent, lui répondent, dialoguent avec lui et permettent au lecteur d’en saisir l’importance. Une réussite pour ce jeune poète qui a été conseiller de vente dans une grande surface de bricolage ; ce livre est peut être une manière pour lui de passer d’une réalité tangible (le bricolage) à une autre réalité, celle d’une poésie qui pose des questions « existentielles ».

Jean Claude Bonnet