Yann Fastier - Talents hauts
Quel roman magnifique ! de la Littérature de haut vol sur un fond historique et géographique documenté où se mêlent, dans le chaudron d’une guerre équatoriale, les colonisés du Dahomey qui, en 1892, tentent de chasser leurs exploiteurs et les troupes françaises fraichement débarquées pour une guerre qu’on croit éclair. Le roman n’a rien de manichéen : le camp des Africains a aussi ses propres esclaves, les agoojie, de jeunes femmes kidnappées enfants et élevées en féroces guerrières, les gardes ultimes du roi, quant aux colonisateurs, à côté des arrogants et des infâmes, il y a ceux qui découvrent la réalité, effarés et révoltés… À ce roman de tous, s’ajoute le roman d’Alex, 16 ans, entrainé là par la brutalité d’un père « pour apprendre à être un homme », mais que sa beauté fragile expose à toutes les violences liées à l’homophobie. Son émancipation se fera dans le sang et dans le chagrin. Claudine Charamnac Stupar
Une seconde narration au « tu » nous fait suivre une de ces adolescentes connues sous le nom inadéquat d’Amazones, destinées à mourir pour le roi : cruellement dressée aux valeurs mâles d’un combattant dépourvu de sentiments, on la verra pourtant prendre le chemin difficile de son émancipation, tout comme Alex. C’est un excellent roman parce qu’il transcende toutes les thématiques qui le traversent.