Raphaël Frier - Rue du monde(coll. Zestes)


Nous, adultes, n’imaginons pas la force des enfants pour dissimuler ce qui leur fait honte. Do est de ces enfants qui présentent aux professeurs du collège le profil neutre et lisse qui le fera rentrer dans le rang des élèves sans histoire. Il a bien compris qu’être bon élève permet d’éviter la rencontre avec les parents. Il ne tient que par la violence qu’il exerce sur lui–même pour cacher l’alcoolisme de sa mère, la saleté de leur appartement, entre autres problèmes. Le drame de sa vie exposé au grand jour, quand sa mère complètement saoule s’effondre dans la rue, le fragilise au point de vouloir disparaitre. C’est pourtant elle qui parviendra à le sauver, lui révélant ainsi qu’elle est avant tout, sa mère. L’écriture d’une apparente limpidité sait jouer avec les silences. Les personnages sont cernés avec finesse, sans jugement, laissant le lecteur évoluer avec le narrateur. Le ton est très juste, la description de milieux pauvres est faite sans misérabilisme, sans souci de susciter la compassion. Un court roman qui fait réfléchir. A conseiller aux adultes si souvent aveugles.

Bernadette Poulou