Davide Cali - Oskar Jeunesse

Illustrateur : Joëlle Jolivet

Thomas, 10 ans, voyage seul pour la première fois. Il est en route pour un séjour chez sa grand-mère. Ses parents se séparent et il profite de ce voyage en train pour se laisser aller à des réflexions sur la vie et les choix qu’elle nous propose. Thomas se dit que des lignes séparent les choses les unes des autres. « Je pensais qu’il y avait peut-être quelque part une ligne pour séparer ces mêmes choses pas pareilles. D’un côté de la ligne : les choses comme ceci. De l’autre côté de la ligne : les mêmes choses mais comme cela. » Peut-on passer de l’autre côté de la ligne si l’on se trouve du mauvais côté ? Ses parents qui se séparent ont-ils traversé la ligne qui sépare « l’amour qui continue » et « l’amour qui s’arrête » ? Autant de questions auxquelles Thomas va avoir tout le temps de penser puisqu’il se retrouve bloqué à la gare de l’Est par une grève. Apparait Victor, un sans-abri « évaporé », c’est-à-dire qui ne compte plus pour les autres. D’abord méfiant, Thomas entame une discussion avec cet homme qui est passé de l’autre côté de la ligne. Comment est-ce arrivé ? Victor ne le sait pas vraiment. Aimerait-il repasser de l’autre côté ? Oui, bien sûr, tous les jours. Victor explique : « Au début, quand on est petits, on est tous pareils, on est assis à l’école, on écoute la maitresse. On part tous ensemble pour la vie. Mais peu à peu, on prend des rues différentes, on passe d’un côté ou de l’autre de lignes invisibles, et nos vies ne se ressemblent plus. » Ce court roman propose aux jeunes lecteurs une réflexion philosophique
abordant des questions existentielles formulées par un enfant confronté à un moment difficile de sa vie, la séparation de ses parents. La rencontre avec un sans-abri et la discussion sur ce qui a pu le conduire là permet d’approfondir la réflexion du jeune garçon. Le jeune lecteur peut ainsi prendre conscience que la vie est faite de choix et de directions à prendre, mais aussi que tout peut basculer et que l’on peut passer de l’autre côté de la ligne à n’importe
quel moment. Ce roman offre au jeune public une perception intéressante de la figure du sans-abri qui apparait comme une personne ordinaire dont la vie a basculé. Thomas, le héros, ose parler à Victor et lui poser des questions « privées » comme il dit. Des questions qui à coup sûr viennent à l’esprit des enfants dont le chemin croise celui des sans-abri et qui pourront peut-être trouver quelques réponses dans cette fable philosophique.

Gwenaëlle Audrin