Irène Cohen-Janca - Rouergue


L’insupportable vient de s’abattre sur Nat, adolescent de 15 ans, la mort de son père. Le soupçon du suicide le dévaste. A cette souffrance s’ajoute celle de l’incinération, choisie par la mère. Nat la refuse absolument, revendiquant avec violence le droit de conserver un endroit où retrouver son père. A ses yeux, une tombe bien plus qu’un jardin du
souvenir offre cet espace privilégié. Le texte est d’une force extraordinaire, c’est une douleur hurlée dans l’incompréhension de sa famille qui se réduit à un oncle et un grand- père. Nat tente de retrouver du sens aux échanges interrompus, cherche les
arguments qui feront changer d’avis sa mère, la malmène par des paroles brutales. Comme Antigone à qui elle le compare, il sait juste qu’il a raison de refuser la crémation. La réponse viendra du grand-père qui, malgré la maladie d’Alzheimer, dira son refus de la crémation en mémoire de sa famille brulée en camp de concentration. Ce récit à la première personne est emporté par un souffle de douleur que le lecteur peut avoir du mal à affronter.

Bernadette Poulou