Raphaële Frier - Talents Hauts


Tout parait juste dans ce roman : le ton, le rythme, le choix du vocabulaire. Accordé aux sensations et aux réalités décrites. On le lit d’un trait ou presque, tellement on est pris par l’histoire et ce problème d’obésité réelle de Chloé. Chaque chapitre en alternance met en parallèle sa vie et celle de Quentin. Quentin qui, lui, traine une très mauvaise image de soi car il est écrasé par un frère ainé brillant qui a déjà tout tracé des victoires que l’on peut offrir à des parents… jusqu’au choix de sa belle si conforme au modèle familial. Rien ne peut rapprocher Chloé de Quentin dans ce village de vacances choisi par leurs parents. Et pourtant, alors que Chloé déplore ses « pneus » autour du ventre et ses fesses qui débordent sur les chaises, ses doigts en boudin, tout en continuant de croquer allègrement ses munitions : biscuits, crêpes au chocolat, crème de marron, son seul confident étant son chien Bobo, elle reçoit un coup de fil de Quentin. L’ayant croisée, malgré ses rondeurs, il ne pense qu’à elle. En face de ce corps improbable, ce garçon maigre d’une famille «branchée » est rassuré par Chloé au beau sourire et à la chevelure abondante, à la bouche satinée. Envers et contre tout, ils vont vivre une aventure et ils arrivent même à se retrouver après les vacances. C’est le bonheur extrême, la révélation, elle devient sa « princesse » et pour longtemps… C’est émouvant et très rassurant pour celles ou ceux qui n’arrivent pas à maitriser leurs pulsions malgré la conscience aigüe qu’ils en ont et c’est une belle démonstration de tolérance devant les divers possibles/impossibles. C’est un beau message d’espoir.

Paule Bloch