Fanny Chiarello - Ecole des loisirs


Dans la famille de Kévin, les Pouchin, on ne fait pas dans la dentelle, les chichis et les tralalas. Le père, chômeur, se fait souvent la malle, est fan de bières, de football et de peaux de léopards. La mère, déprimée, voue un culte aux séries télé débiles et bon marché. Au collège on ne s’épanouit pas dans la tendresse non plus, trois durs à cuire « chahutent par affection virile » les élèves timides, bègues ou binoclards. Alors, quand arrivent les vacances d’hiver, où trouver refuge ? A la bibliothèque bien sûr ! C’est calme, bien chauffé et il y a des bandes dessinées. C’est sans compter sur les présences de Laurie, la fayotte de troisième D et celle de Mamie Chamallow, bibliothécaire à la retraite, championne de combats de canne. Le jour où cette dernière glisse « L’Attrape-cœurs » dans les mains de Kévin, c’est tout un univers qui s’ouvre à lui.

Jubilatoire. Réjouissant. Inventif. Ce sont les qualificatifs qui viennent à l’esprit pour décrire le style d’écriture de l’auteur. Le lecteur est si absorbé par la dégustation gourmande du mot à mot du texte qu’il en perd un peu de vue le sens global du récit. Oui, la vie à six, au huitième étage d’un HLM, n’est pas rose. Curieusement, à la lecture, on ne peut se retenir de sourire, à l’évocation des repas cocasses et des soirées-télé arrosées. Évidemment, l’essentiel n’est pas là et notre cœur se serre lorsque la mère de Kévin lui reproche d’être maniéré, d’être snob et de ne pas rester à sa vraie place dans la société. On a très envie de croire comme l’auteur, que la connaissance et la maîtrise des mots sont des armes douces pour échapper à sa condition et à un destin tout tracé.

Marga Lopez