Thomas Gornet, Anne Percin - Rouergue


Nous plongeons dans le flou de l’identité sexuelle et ce n’est simple pour personne y compris pour le lecteur parfois. Fantasme, cauchemar éveillé ou simplement une vie rêvée ? Corentin un matin se réveille et découvre dans la glace que son corps a changé durant la nuit. Il est devenu une fille ! Tout le monde le regarde comme une fille. Pour tous, il est Corinne désormais. Les regards, les jeux, les complicités, tout est différent. Là où il n’y avait que simple camaraderie, il y a maintenant équivoque et embarras. Et Ludovic qui veut l’embrasser… Et l’embrasse ! Corentin/Corinne manque alors de s’évanouir… Le mystère est bien opaque et chacun y trouvera ses propres résonances. Voilà pour “Je porte la culotte”. Mais il y a aussi Le jour du slip ! Corinne aussi se retrouve un matin avec un corps de garçon. “Mais c’est quoi ce truc ? Le pipi sort de là comme d’un tuyau d’arrosage.” Elle est devenue Corentin. Comme dans l’autre moitié du livre, le même trouble, les mêmes découvertes, mais inversées. Livre ludique cependant qui se retourne et se lit dans les deux sens. Double image au milieu. Mêmes silhouettes, même désarroi sur les visages. Le style est celui de la grande école, des zizis et des zézettes. Mais ainsi les choses sont nommées clairement ! Drôle, esprit cour d’école assumé. Utile et apaisant pour certains, subtilement incitatif à se mettre à la place de l’autre pour tous. Pas toujours évident à suivre. Difficile de s’installer dans le personnage mais peut-être est-ce le propre du thème abordé là. Flotter entre deux genres !

Marie Dufon-Roche