Abier, Gilles - Talents Hauts


« Je sais que tu sais » tels sont les mots adressés par la soeur aînée à sa cadette. Au milieu, Martial, leur frère adolescent, a été tué par son ami Bastien. Le procès ne leur a rien appris. La narratrice est rattrapée par un souvenir, une lettre de Bastien reçue le lendemain du meurtre, lettre qu’elle n’a jamais ouverte. Trois ans ont passé, la famille est ravagée par cette disparition, chacun est détruit à sa façon. La rencontre que fait la narratrice avec Mme Ngoun est déterminante. Cette femme a vécu le cauchemar khmer, son père et son frère ont été abattus devant elle. Elle a cheminé dans la douleur, elle peut apporter son aide en
particulier en amenant à rencontrer en prison l’auteur du meurtre. L’écriture de Gilles Abier est efficace : chaque mot est pesé. Le récit est bref, à l’os, ce qui lui confère une sorte de violence intérieure, semblable à celle qui ronge la narratrice. Le lecteur est emporté par cette force et des indices habilement semés lui laissent entrevoir une possible explication à ce meurtre.

Bernadette Poulou