Claire Mazard - Syros
Est-ce bien un roman, ce livre qui démontre le mécanisme d’emprise du pervers narcissique, ce journal qui note chaque fait et chaque phrase qui constituent les rets dans lesquels ce père admirable, séduisant, aimant, que tous portent aux nues, tient sa fille ? Fille qui l’adule et lui voue une confiance sans réserve au point de justifier chacun de ses actes par l’affection paternelle alors même que nous lecteur, au seul vu des faits, nous interrogeons et subodorons une manipulation aussi épouvantable qu’opiniâtre. On n’ose le penser pourtant tant l’idée est choquante mais l’aveuglement de cette narratrice adolescente nous parait de plus en plus dangereux et nous versons dans une angoisse qui accompagne son propre cheminement vers la vérité. On s’identifie à elle mais les personnages de la mère, de la tante, comme ceux des amis sont aussi riches et émouvants. Que dire de ce père ? Au fur et à mesure que le puzzle des découvertes se met en place, démontant ce que lui a monté si longuement et subtilement, ce père reste opaque, comme le restent toujours ces êtres calculateurs dépourvus d’empathie face auxquels une seule voie existe, fuir. Ce roman psychologique, car c’en est bien un, simplement chronologique mais implacable, est plus utile que n’importe quel document sur ce sujet que tout le monde doit connaitre. Claudine Charamnac-Stupar