Christophe Ylla-Sommers et Yvan Pommaux - Ecole des Loisirs

Illustrateur : Yvan et Nicole Pommaux

Quel bel équilibre ! Savoir raconter cette si grande aventure du peuple qui veut se libérer des diverses formes d’oppression qu’il subit, « terminer 1789 » avec une telle objectivité, en cernant le plus justement possible les événements, leur déroulement et de leurs conséquences est une remarquable performance. La moitié de l’ouvrage est consacrée aux causes multiples de cette révolte. On y voit l’état sanitaire d’un Paris aux rues étroites et malsaines où le peuple est entassé tandis que Haussmann, qui bâtit ce Paris du futur, grandiose, aéré, luxueux au détriment de ceux qu’il chasse sait ce qu’il fait, mais il faut avancer, construire et donc, démolir ! Dans tous les sens du terme.
Puis très bien analysé, on dépeint le rôle de l’empereur Napoléon III dit le « Badinguet », influencé par sa femme, déclarer la guerre à la Prusse pour se refaire « un personnage ». Mais Bismarck est vite le plus fort et le 2 septembre 1870 Mac Mahon capitule à Sedan. Gambetta proclame la république et la Garde Nationale est reconstituée. Les républicains : Clémenceau, Garibaldi etc… jouent un rôle et obtiennent la tenue d’élections municipales. Paris souffre de faim, de froid tandis que le gouvernement s’installe à Versailles. Le peuple parisien fraternise avec les soldats, le vote donne une victoire aux républicains, la Commune de Paris est proclamée le 28 Mars 1871. Elle se veut progressiste, l’éducation est laïque, obligatoire et incluant les filles. Les hommes et les femmes « communards » s’organisent en vue de lutter et terrorisent les Versaillais qui affrontent brutalement les fédérés. La vaillance du peuple parisien ne suffit pas, des barricades s’élèvent mais les troupes versaillaises les contournent. C’est un combat inégal et fatal qui s’ensuit. Les fédérés devant leurs défaites incendient les Tuileries, le palais de justice et la préfecture. Paris brûle et la sauvagerie se déchaine. Lorsque les combats cessent, la Commune est exterminée et l’on tue beaucoup de participants ou
ceux supposés l’être. Certains sont envoyés en Nouvelle Calédonie (où Louise Michel qui en fait partie ouvre une école pour les Canaques.) La Commune, malgré son échec, laisse des traces ineffaçables et sanglantes dans la mémoire collective. Les illustrations sont superbes. Ce sont à elles seules des pages d’étude de la société de l’époque. Les bulles enrichissent fortement les textes, les datent parfois, mettent en évidence les oppositions de point de vue, par exemple les ruraux moins exposés de façon frontale
restent monarchistes, opposés à un Paris républicain. L’album se termine par un excellent réflexe pédagogique, trois pages de portraits des personnages importants de cette période permettent identification et mémorisation. Toute l’oeuvre est très didactique et dans la même collection il existe deux autres ouvrages : La Révolution française et Louis XIV.

Paule Bloch