Julia Billet - Ecole des Loisirs


« La bonne distance en photographie, c’est d’être assez près pour témoigner mais suffisamment loin pour ne pas souffrir ». France, Maison de Sèvres, 1944. Afin d’échapper aux rafles, une jeune femme, Rachel Cohen doit prendre le nom de Catherine Colin et fuir. Dans cette cavale éperdue, toujours plus au sud, elle n’emporte qu’un objet précieux, son Rolleiflex. Sur la route, Catherine tentera de saisir des images indirectes d’une réalité intolérable et cruelle. Les ombres des personnes rencontrées, les reflets des lieux traversés. Une ferme, un couvent, un orphelinat, un château mais surtout de nombreuses salles de classes. École nouvelle inventive, école catholique pratiquant les châtiments
corporels, école communale rurale enseignant la morale. Catherine, au caractère bien trempé, à la langue bien pendue, est un personnage attachant. Il y a dans son histoire des éléments qui « font vrai ». Seul bémol, les trois éléments constitutifs du roman : photographie, pédagogie et parcours initiatique de l’héroïne se côtoient mais ne s’imbriquent jamais parfaitement. La narration semble de ce fait, inaboutie.

Marga Lopez