Jean-François Chabas - Didier Jeunesse


Le récit est celui d’un souvenir d’un vieil homme thaïlandais. A dix ans, Kiet doit assister à sa première capture d’un éléphant sauvage. Son père, dresseur réputé, veut faire de son fils son successeur. Avec l’enfant, le lecteur découvre la façon dont ces grands animaux sont maltraités, suppliciés afin de les rendre dociles. La scène de la capture occupe les trois quarts du roman, et fait ressentir une ambiance étrange et inquiétante au plus profond de la forêt. Car il n’y a pas que des éléphants. Un tigre, des chiens sauvages rôdent et menacent
les humains. L’enfant qui doit malgré lui participer à la tradition du Phajaan assiste impuissant à des scènes sanglantes. Le roman insiste sur les aspects traditionnels du dressage des éléphants et sur les contradictions entre les actes des hommes et les enseignements bouddhistes qui prônent le respect de l’animal. Le roman est truffé de questionnements, notamment ceux que se pose le narrateur, Kiet. L’éléphant capturé et lui deviennent amis, ils vont travailler ensemble toute leur vie. Sur un chantier, l’animal, voulant défendre son jeune maitre, tue un contremaitre. Pour sauver son ami d’une condamnation à mort, le jeune homme s’enfuit avec lui, vivant de travaux qu’on leur confie dans les villages perdus dans la jungle. On les retrouve cinquante ans plus tard. Une lecture marquante qui transforme le regard que l’on porte sur ces extraordinaires animaux que sont les éléphants. Un plaidoyer pour le respect de la vie sauvage.

Sophie Ducharme