JiHyeon Lee - Atelier du poisson soluble

Illustrateur : JiHyeon Lee

Dès l’illustration de couverture, nous avons, enfant et adulte, le pressentiment que nous vivrons une aventure (sans texte), à la fois particulière et assez inédite : une porte rappelle celle d’une prison flanquée d’un cadenas avec une sorte d’insecte volant dans le sens inverse de l’ouverture, comme si la porte était un mur infranchissable. L’histoire est très simple mais pose plein de questions. Un petit garçon découvre la clé apportée par l’insecte, ce qui lui ouvrira la porte du monde. Il rencontre des êtres un peu bizarres, la peur aussi au début, puis ensuite la fête avant l’au revoir chaleureux… Certes cet album est un plaidoyer pour l’acceptation de la différence et la rencontre de l’autre. Car en ouvrant la porte, le petit garçon fait en même temps tomber les murs entre les cultures, les façons de s’habiller, de manger aussi, de faire la fête. Mais à l’heure où dans le monde beaucoup de murs et de frontières s’érigent, dans tous les continents, l’album est presque « une incitation à la débauche » au sens de transgression des frontières ; l’éducation n’est-elle pas pour l’enfant qui se construit le passage permanent de séparations ? Et puis n’oublions pas non plus que l’auteure illustratrice est de Corée, pays traversé par un mur ! Les illustrations couvrent les doubles pages comme pour renforcer ce regard différent sur le monde. Au crayon et très fines, elles dégagent un univers de plus en plus joyeux au fur et à mesure de l’histoire. Pas étonnant que l’Atelier du Poisson Soluble soit l’éditeur de cet album dont le sous-titre pourrait être « La clé des champs » en référence au texte d’André Breton !

Jean-Claude Bonnet