Eduarda Lima - La Joie de Lire


Images non dessinées où les aplats de couleur créent la forme, impression tonique en trois tons directs, bleu, rouge, vert, cadrages ébouriffants du gros plan à la vue aérienne, l’album crée un effet de modernité mais aussi de simplification démonstrative : accumulation de capsules …ou de unes de journaux, vision de  poules et vaches en batterie, insectes au premier plan et quadrimoteur répandant des pesticides à l’arrière-plan… il y a là toute une grammaire cinématographique.  Et pas besoin de texte pour prendre cet uppercut ! Celui d’une terre qui se révolte contre les humains, dans un effet domino qui commence « quand un oiseau a arrêté de chanter ». On ne sait pourquoi mais aussitôt se tresse une solidarité des espèces animales qui cessent toutes de pépier, de miauler, de hurler, de donner leur lait ou tournent le dos aux visiteurs du zoo, bref de faire ce qu’on attend d’eux. Solidaires aussi, les enfants se mettent à bouder l’école et les jeux.  Et si « le monde n’était plus que silence » ?… Horreur.  Bien sûr, la capsule de soda recrachée par l’oiseau qu’elle avait rendu muet, c’est amusant ? Un peu… Et impossible ? Il y a de pires aberrations. Cette dystopie pour petits lecteurs me parait particulièrement efficace car elle fait sentir que tout se tient, que le monde et l’homme sont un ensemble indissociable et que ce dernier est en train de mettre à mal cet équilibre fragile. 

Claudine CHARAMMAC-STUPAR