L’archipel de béton

Dès l’incipit, « Je prie le Noyau. Je prie pour la Centrale… Ô Saint Atome je suis prête !…», on sent qu’Aminata, novice au Centre Nucléaire Monastique de Flamanville va nous emmener loin dans l’aventure et l’humour. Autres indices, ses invocations à Sainte Irène-Joliot-Curie ou le fait que sa mule têtue répond au nom de Grinepisse !! Religion du nucléaire… D’autre part Aminata se révèle énergique, courageuse, une meneuse en somme, avec un langage plutôt actuel bien qu’elle soit totalement ignorante du siècle précédent (le nôtre !) où le monde a sombré. Enfermée et protégée, elle est aussi protectrice d’une centrale en perdition faute de matériel pour l’entretenir, la voilà donc chargée d’une mission à haut risque, aller chercher dans d’autres centrales des cartes-mères indispensables pour relancer une tranche nucléaire. C’est-à-dire, horreur, quitter l’enceinte et aller dans un monde qu’elle croit apocalyptique. En fait, elle découvre que le monde continue, dans la simplicité énergétique des premiers temps, que des survivalistes inventent partout de nouveaux modes d’être, que sa religion n’a aucun sens. Elle trouve l’aide étonnante d’un Chevalier totalement anachronique, un Don Quichotte téméraire et dévoué, personnage haut en couleurs qui ajoute à la drôlerie de l’épopée. Car c’en est une, de Flamanville, à Golfech en passant par La Hague. Et si l’épopée est drolatique, elle ouvre aussi plein de pistes de réflexion sur notre voracité énergétique et autres points d’actualité. Un plaisir de lecture accessible au bon lecteur dès 12 ans.

Claudine CHARAMNAC-STUPAR