Nicolas Michel - Talents hauts
De Nicolas Michel, on avait bien aimé Quand le monstre naitra dans le contexte de la guerre de 40. Ce roman-ci a pour contexte la guerre de 14 ou plutôt ses suites. C’est un fait réel qui est à l’origine, le naufrage en 1920 du paquebot Afrique qui ramenait des combattants de retour au pays, ceux qu’on appelait Claudine Charamnac-Stupar
les tirailleurs sénégalais, près de 600 morts et pas un mot dans les livres d’histoire.
Corps échoué sur la plage de Saint Clément des Baleines sur l’île de Ré, Tierno est sauvé par un enfant
et sa mère. Couple étrange et isolé, Mathilde et Léon vivent dans le deuil du père disparu au front, à l’écart d’un village hostile à « un enfant aux yeux bizarres et aux cheveux longs » que sa mère protège des méchants coups en le soustrayant de l’école. Léon est indépendant, fin pêcheur de coquillages pour aider sa mère. L’histoire est racontée du point de vue de Léon dont la vie est bouleversée par l’entrée dans la maison de ce grand homme noir qui a emmagasiné beaucoup de souffrances, qui ressuscite littéralement à leurs côtés et ouvre le garçon au monde extérieur. Le racisme du village sera contrecarré par le respect dû aux combattants. Tierno a été sans doute un héros de la guerre mais il est surtout un héros de la paix qui refuse de se venger de l’officier raciste qui l’a rejeté à la mer quand il pouvait le sauver. Léon comme le lecteur vivent là une belle expérience humaine et une leçon de vie. Ajoutons que l’auteur sait ajouter à sa narration toute une chair de sensations, d’observations, celles d’un jeune qui vit intensément le monde maritime où il est seul pour apprendre le monde et comprendre le sens de la mort de son père. Très bonne lecture.