Carrascoza Anzanello, Joào - La Joie de Lire


Ces moments tellement ordinaires et tellement précieux face à l’imminence de la chute que l’on pressent inéluctable. Emouvante cette vie qui distribue bonheur et malheur de façon hasardeuse. La joie d’une visite en famille, d’un déménagement attendu, d’une grasse matinée, d’un match de foot. La mer. Mais aussi et aussitôt parfois, le malaise de la mère, le frère fauché par le train, l’explosion annoncée, la trahison de l’ami, la vanité de l’argent ! Pessimisme ? Noirceur ? Non, seulement la vie ! Toutes ces évocations restent légères cependant, l’auteur ne développant jamais la chute, la suggérant seulement. En suspens. La langue est élégante, les images poétiques : « le lentement des heures passe très vite, les métaphores improbables » : son père le portait avec ses bras « d’écume ». Une langue inventive, créative. Un bonheur. Et puis cette distance du narrateur très souvent à l’extérieur – le père, la mère, l’enfant, lui, elle – parfois impliqué pour ses premiers émois amoureux entre foot et cerf-volant. L’art de dire les choses graves en les nommant à peine…

Marie Dufon Roche