Eunsil, Yoo - Ecole des Loisirs


Inattendu et passionnant : tels pourraient être les 2 termes pour qualifier ce récit. Inattendu, pour nous Européens, car il aborde la vieillesse et la mort comme on l’aborde en Corée. En même temps, le récit nous atteint car il touche à l’universel. Le point de vue adopté est celui de Yongouk, le petit fils chéri qui va perdre son grand-père. Tous les deux ont tissé des liens profonds, intimes. L’enfant trouve auprès de son papi la compréhension, la gentillesse qui font défaut à son père. L’enfant est le seul à ne pas manifester de répulsion à l’égard de la vieillesse et de ses signes. Il est le seul à ne pas être dégouté par les nombreuses taches noires qui marquent le front de son grand-père. Il faut dire que celui-ci est perçu de façon très négative par ses enfants
qui le considèrent comme un irresponsable. Son inconstance, ses dépenses, et même le fait qu’il ait déjà contraint 5 fois la famille à se réunir à son chevet car se sentant mourir, irritent en particulier le père de Yongouk. Aussi, quand le grand-père meurt pour de bon, l’enfant découvre avec étonnement les marques de chagrin : qu’y a-t-il de sincère dans les manifestations de peine auxquelles il assiste ? L’inattendu, c’est aussi celui que réserve le mort à son entourage… Il a confié à son petit-fils une boite « pour le dernier événement ». Tout le monde pense y trouver le costume qu’il devrait avoir préparé pour son passage dans une autre vie. Surprise ! Ce n’est pas un costume mais une robe… Ferait-il son coming out ? Passionnant de découvrir les rites funéraires en Corée, les comportements sociaux. Le regard prétendument naïf de l’enfant met à jour le malaise des adultes, les faux-semblants et malgré tout le vrai chagrin.

Bernadette Poulou