E. L. Konigsburg - Bayard Jeunesse


Le grand rêve d’Amedeo Kaplan est de faire une découverte comme celle de Lascaux ou les manuscrits de la Mer Morte : « il voulait simplement trouver quelque chose de perdu, une chose dont les gens ignoraient même qu’elle avait été perdue jusqu’à ce que lui, Amedeo la trouve ». Son récent déménagement en Floride va lui en donner l’occasion. Sa voisine, Mrs Zender, liquide ses biens avant de partir en maison de retraite. Mrs Wilcox, aidée de son fils William, font l’inventaire. Amedeo qui a fait connaissance de William à la sortie de l’école se propose pour les aider. Au fil des jours, les garçons apprennent à connaître l’excentrique Mrs Zender qui a connu son heure de gloire en Europe avant la
seconde guerre mondiale comme cantatrice. Amedeo, dont le père est artiste peintre et dont le parrain est directeur de musée, ne manque pas de culture tout comme William qui lui fonctionne davantage à l’intuition. En parallèle nous suivons le parcours du parrain d’Amedeo, Peter Vanderwaal. Celui-ci vient de perdre son père. A la suite de ce décès, sa mère lui a remis une mallette dans laquelle il trouve une lettre de son père où celui-ci relate son enfance dans Amsterdam occupée par les nazis. Son frère y tenait une galerie et dans l’arrière boutique tous deux s’employaient à emballer les oeuvres du Rijkmuseum qu’il fallait protéger de la convoitise des nazis. Mais, Peter Vanderwaal, très préoccupé par son exposition en préparation sur « l’art dégénéré » ainsi que le disait Hitler, ne va pas plus avant dans la lecture de ce document. Les hasards de l’inventaire chez Mrs Zender vont amener Amedeo à découvrir une oeuvre de Modigliani dont l’histoire est intimement liée à celle de Peter Vanderwaal.
Si le roman peut paraître parfois maladroit dans la manière dont ces deux histoires vont se téléscoper, il n’en reste moins très intéressant pour tout ce qu’il révèle de l’idéologie hitlérienne concernant l’art, et
« de la haine déclarée pour l’art moderne ». Les spoliations, le trafic d’oeuvres sont abordés à travers l’histoire de Mrs Zender et de Peter Vanderwaal. Bien documenté, d’une écriture alerte, ce roman se lit
comme un roman d’aventure.

Bernadette Poulou