Alicia Fleury - Librairie des Ecoles (La)

Illustrateur : Alice Gravier

Montessori, un gage de qualité pour nos enfants. En principe. Cet été, sur un marché d’un petit village au coeur des Pyrénées, un forain vend des jeux éducatifs estampillés « Montessori ». Pour apprendre l’heure, la lecture, à compter… Devant son stand, un nombre impressionnant de chalands. Quelques
semaines plus tôt, une libraire m’avait confié que la demande « Méthode Montessori » est très forte de la part des parents : des livres, des exercices, des jeux… pour donner le meilleur en matière éducative. Un vrai marché. Car tout le monde peut se revendiquer « Montessori », Maria Montessori n’ayant protégé
ni son nom, ni ses recherches. Maria Montessori, médecin italien du début du 20ème siècle, a travaillé avec des enfants en situation de handicap : elle a tout d’abord développé une pédagogie adaptée à leurs difficultés. Puis elle a élargi ses recherches et a mis au point un matériel et une pédagogie pour permettre
à tous les enfants d’apprendre à leur rythme, en favorisant confiance en soi et autonomie. Aujourd’hui, nombre d’écoles Montessori, privées hors contrat Education Nationale, ouvrent partout en France, des écoles alternatives pour apprendre autrement. Les éditeurs pour la jeunesse, de leur côté, proposent
des collections dans l’esprit Montessori : se centrer sur l’enfant et lui offrir un environnement de vie dans lequel il peut s’épanouir naturellement. Dans cette lignée, La Librairie des Ecoles propose une nouvelle collection « Ma bibliothèque Montessori » : « des histoires simples et réalistes mais extraordinaires et poétiques aux yeux des enfants ». Les deux titres lus offrent un univers très proche du quotidien des enfants. Ces derniers s’identifient forcément à Jules écrivant des mots avec son doigt dans la farine ou le sel. Ils comprennent les sentiments de Léonard quand celui-ci part pour la première fois, sans ses parents, dans un centre de vacances. Les livres sont très sobres : un fond blanc, texte très pédagogique sur la page de gauche, images simples et redondantes sur la belle page. Pour laisser l’imagination de l’enfant construire le reste. Pourquoi pas ? Cela fonctionne, c’est la vraie vie, ce ne sont pas des histoires inventées. Mais n’oublions pas que l’important dans la lecture est de proposer aux enfants, des livres aux thèmes, tonalités et illustrations diversifiés mais toujours garants d’une qualité littéraire et esthétique. Le livre permet ainsi aux enfants de se constituer une première culture littéraire. Et dans la tranche d’âge
3/6 ans où les questions fusent, il se pose « en source infinie de richesses »1 comme l’écrit Denise Escarpit dans le premier numéro de Nous voulons lire !. La lecture à voix haute favorise ainsi la rencontre avec la langue du récit et les images mais aussi avec l’émotion. Les enfants comprennent alors que la
lecture peut les embarquer dans des univers extraordinaires car « la littérature [permet] de découvrir, de s’émouvoir, de rire mais aussi de s’inventer des solutions et des rêves ».²

Marie Pierre Darfeuille

1 Denise Escarpit, Nous voulons lire ! Bulletin d’information sur la lecture des jeunes enfants, n°0, avril 1972.

² Qui lit petit lit toute la vie, Rolande Causse, Albin Michel, 2005.