Rachel Corenblit - Éd. du Mercredi


1945, Paris, Hôtel Lutétia. Les rescapés des camps arrivent peu à peu et beaucoup de gens guettent ces arrivées avec angoisse dans l’espoir de retrouver vivant l’un des leurs. C’est en suivant Léopold qu’on vit avec empathie cette attente. En 1942, Léopold avait 9 ans quand ses parents pour le protéger, l’ont laissé sous la garde de Juliette, leur amie institutrice à Nice. Lui qui, plein de ressentiment, n’a jamais voulu lire la lettre que ses parents lui ont laissée en partant, découvre dans cet hôtel parisien, par bribes et à hauteur d’enfant, la réalité de l’Histoire et l’étendue du malheur humain. Il le comprend aux côtés d’autres jeunes esseulés : André le garçon aux doigts d’or qui, au piano, a « les doigts qui connaissent un chemin et ils le suivent… » « je les abandonne, c’est plus grand que moi », dit André qui retrouvera son frère si méconnaissable qu’il le prend pour son père… Marie-Antoinette que ses parents magiciens ont réussi à faire fuir, cachée dans une valise escamotée dans un tour de magie exécuté en public par ses parents qui ne reviendront pas. Elle partira en Israël et Léopold va devoir accepter le réel, quitter tout espoir et vivre définitivement avec Juliette. C’est un roman d’autant plus bouleversant qu’il est écrit à hauteur d’adolescent, sans mièvrerie mais avec une fraicheur d’émotions renversante.

Claudine Charamnac Stupar