Robert Louis Stevenson - Milan

Illustrateur : Sébastien Mourrain

On pourrait se poser les mêmes questions de départ que pour Pinocchio puisque L’île au trésor est aussi un texte très connu, très souvent illustré et également publié chez Milan dans la même collection. Sébastien Mourrain est lui aussi un illustrateur confirmé. Après des études d’économie et l’École Emile Cohl à Lyon, il choisit l’illustration jeunesse. Il a publié une bonne vingtaine d’albums chez différents éditeurs et déjà illustré Barbe Bleue chez Milan dans la même collection. Quelle vision nous propose-t-il
de ce texte célèbre ? Il faut d’abord préciser que le texte est une adaptation, qu’il ne s’agit donc pas du texte original dans son entier mais de moments du texte qui correspondent aux grandes articulations du récit divisé en différents épisodes avec des titres, tout en laissant quand même une grande part au ressenti des personnages et particulièrement aux peurs, angoisses, émotions du narrateur Jim Hawkins. C’est d’ailleurs sur cet aspect émotif que s’appuie l’illustrateur en choisissant d’illustrer tantôt en pleine page et en couleurs l’enthousiasme de Jim et sa sensation de liberté lorsqu’il découvre l’île et sa végétation « je me sentais comme un explorateur », ou en vignette pour exprimer son angoisse lorsque, caché au fond du tonneau, il entend la conversation de projet de mutinerie, ou encore en noir et
blanc lorsque, étonné, il rencontre le pauvre Ben Gunn. Quoiqu’il en soit, ces illustrations s’adressant à des enfants à partir de 7 ans, même si les situations choisies sont souvent assez violentes, les gammes de couleurs pastel qui contrastent avec des bruns et des rouges sont plutôt rassurantes. Ce sont le plus souvent des aquarelles, parfois rehaussées de pastels gras. Le dessin aussi est rassurant ; les personnages – même s’ils sont menaçants – et les paysages sont toujours traités en rondeurs. Le souci du détail est aussi là dans un esprit documentaire pour permettre d’identifier les éléments de la navigation, les armes, les costumes, la végétation et les lieux. Ce sont des images très narratives, derrière lesquelles on ressent les questionnements d’un Claude Lapointe, le même désir de communiquer avec le lecteur d’un Jean Claverie, la même douceur graphique d’un Etienne Delessert, ou la même aspiration documentaire d’un François Place. Une grande réussite.

Janie Coitit Godfrey