Anne Thiollier - Seuil Jeunesse


« Pourquoi j’ai écrit ce livre » se demande l’auteure. Enfant, elle a vécu en Chine et se retrouve à Paris dans le quartier chinois (XIIIème). Fenfeng, un garçon, reçoit une lettre de la grand-mère « la plus douce, la plus chaleureuse » qu’il a laissée en Chine. Il vit avec ses parents, une mère qui veut vivre à la française, qui, exaspérée par cette lettre, ordonne à son fils d’écrire « une lettre comme il faut », c’est-à-dire de dire des mensonges. Mais, pour l’enfant, les lettres à sa grand-mère sont « des miettes de sa vie qui, mises bout à bout, font une lettre. » FengFeng décide d’écrire « très petit, très serré » sur un tout petit carnet pour raconter sa nouvelle vie. Dans ce carnet, il y a, donnée par sa grand-mère, une minuscule enveloppe « à lire quand tu seras plus grand ». Mais qu’est-ce qu’être grand ? Quand on parle de lui, c’est le Chinetoc ou le Plouc ou le Noichi, même au collège où il est un excellent élève. Il aide Djamel à faire son devoir de maths ; il lui explique la règle de trois et, tout à coup, Djamel a compris. Etonnement du professeur ! « On m’a aidé, oui. Mais c’est moi qui ai compris ! »,dit Djamel. Admiratif, le professeur dit à Fenfeng « on fera de toi un bon prof ». Le hasard lui fait rencontrer un « poète » qui lui parle de Peter Pan et du capitaine Crochet,
son chien. La famille décide de sortir, comme le font les Français. Hélas ! c’est le temple chinois, le repas chinois ; à la maison, on mange chinois ; les relations parents-enfants, c’est autorité-obéissance aveugle. Peu à peu, Fengfeng prend conscience que les Chinois sont exploités, ont toujours été exploités alors que beaucoup sont venus se battre pour la France en 14-18. Le hasard lui fait découvrir un étrange comportement de son père ; que fait-il avec le livret de caisse d’épargne de sa mère ? Que sont ces coups de téléphone qu’il donne en cachette ? Et voilà Fengfeng se promenant la nuit sous les ponts de Paris où il rencontre Gabriel avec qui il partage un fromage. C’est la découverte d’un monde d’amitié et de partage. Ne serait-ce pas le moment d’ouvrir l’enveloppe de sa grand-mère ? Et… surprise ! Voici la grand-mère à Paris ! Ce « happy end » est raconté avec tant de simplicité et d’émotion que le lecteur aura plaisir à le découvrir. Tous les problèmes de l’immigration sont ici posés.

Denise Escarpit