Zoé Le Priol - Gallimard


Mots clés : roman, premières amours,
Un roman subtil sur la naissance d’un premier amour

J’ai été souvent agacée par les soi-disant romans en vers libres, forme souvent artificielle et inutilement précieuse, manifestant une méconnaissance de la spécificité de la poésie et de sa puissance. Aussi ne dirai-je pas, malgré les retours à la ligne, qu’il s’agit là de vers :
À minuit trente-huit
maman passa la tête
dans l’entrebâillement de la porte.
(…)Maman lui caressa
les cheveux.
-Tu es en vacances, ma puce.
Et Swann se remit
à pleurer.
Dans cette prose tout à fait banale et des dialogues basiques entre mère et fille ou entre adolescents, les retours à la ligne isolent les répliques, dégagent des groupes compléments ou proposent ce qu’on nomme, en lecture à voix haute, des groupes de souffle. Cherchez la poésie. En revanche et c’est la jolie surprise de ce roman, il se dégage de cette lecture verticale (très aérée !) une petite musique séduisante, mieux, touchante de vérité subtile. C’est un récit de petits riens, de sentiments nouveaux, d’amours naissantes, d’interrogations existentielles et naïves : un été, en vacances, Swann tombe amoureuse de Vadim, ils ont seize ans, plus banal scénario, tu cherches encore, même si l’affèterie des prénoms évoque pour l’un Proust, pour l’autre le cinéaste qui créa Bardot et le film Et Dieu créa la femme, tous deux des références en matière de trouble amoureux ! Mais ce roman à la 3e personne laisse entendre la voix, pudique et attentive, d’une jeune autrice qui possède son sujet et qu’il faudra suivre.
Claudine CHARAMNAC-STUPAR