Papami

Un album remarquable pour parler du grand-parent qui perd la tête.

Il ne doit jamais être trop tard pour parler d’un beau livre. Paru en 2015, celui-ci ne doit pas vous échapper tant il conjugue qualités plastiques et intelligence du texte sur une thématique ô combien risquée, abordée dans notre numéro de mars 2015 C’est quand qu’on est vieux ? En effet comment parler de la maladie d’Alzheimer et autres phénomènes séniles sans rester dans le documentaire ou sans bêtifier parce qu’on s’adresse aux petits ? Celui qui perd la tête, ne perd-il pas son humanité en même temps que le respect, tant il fait rire de ses « tours de cochon »? Comment humaniser cette chose-là, sidérante, sinon en mettant des mots dessus et Claude Bonnin le fait finement : ainsi, Papapi « fait tout à l’envers. Il pense de travers. Il grandit en marche arrière. Que faire de cette affaire ? » L’auteur dit cet entre-rire-et-tragédie, il joue sur les mots pour approcher ce grand–père « qui fait la tête » ou « qui n’en fait qu’à sa tête », le langage aussi est déboussolant… L’enfant comprendra que le grand-père retrouve (un peu) sa tête en retrouvant son fauteuil, ses pantoufles, c’est-à-dire ses repères. Crayon, fusain, pastels, un peu de peinture blanche, comme gribouillés sur un fond bistre, les dessins sont un magnifique questionnement plastique sur « cette affaire » de perdre la tête ? Et j’aime particulièrement l’idée de la gomme et de l’effacement. Claudine Charamnac Stupar