Garland, Inès - Ecole des Loisirs


Argentine, années 70. Alma, enfant solitaire, issue de la classe moyenne, suit pendant la semaine des cours dans un établissement privé. Chaque weekend, elle se rend avec ses parents dans leur résidence secondaire au bord d’un fleuve tumultueux. Sur l’autre rive, dans une île du delta, vivent dans des conditions précaires, Marito et Carmen, abandonnés par leur mère et élevés par leur grand-mère, Doña Angela. Très vite, Alma ne vit plus que pour les fins de semaine, ces moments singuliers de liberté, de relations crues et vraies en compagnie de ses amis. C’est là également qu’elle découvre la pauvreté associée au partage, à la solidarité. A l’adolescence, l’amitié d’Alma pour Marito se transforme en amour. Marito, amoureux lui aussi, mais réaliste, garde ses distances et part s’instruire à l’université. Survient alors le coup d’Etat militaire du 24 mars 1976 et avec lui le phénomène terrifiant des « disparitions ». Un jour, Marito disparait à son tour. En cherchant à comprendre, Alma découvre malgré elle, le visage hideux de la dictature. L’ouvrage suit de très près le cheminement
intérieur, les pensées, le ressenti d’une enfant puis d’une jeune fille élevée dans un milieu privilégié, égoïste et étouffant. Au contact des gens du fleuve, Alma se sent comme une intruse dans sa propre caste. Avec la naïveté de la jeunesse, elle croit pouvoir s’affranchir du déterminisme, des conventions et des carcans, qui maintiennent chaque individu dans le rang social qui lui a été dévolu à la naissance. Elle apprendra à ses dépens que l’entreprise s’avère douloureuse. Par ses monologues intérieurs, ses personnages complexes voire opaques, son contexte historique violent, ce roman s’adresse plutôt à un lectorat mûr et féminin.

Marga Lopez