Olivier Douzou - Rouergue

Illustrateur : Natali Fortier

Avec un tandem Douzou-Fortier, on n’est pas étonné que le produit soit subtil : l’album semble être un conte qui fait référence au Petit Poucet, il a aussi une dimension poétique soulignée par les vers de Guillevic en exergue: « Si un jour tu vois /qu’une pierre te sourit, /iras-tu le dire ? » Mais c’est aussi un livre sur la lecture : Plupk lit, il est fasciné par le conte du Petit Poucet et, se projetant dans l’histoire, se met à craindre que ses parents ne veuillent le perdre lui aussi : alors, il va ramasser des cailloux… et, ce faisant, se perd. Plupk est un peu benêt ! Est-ce alors son innocence qui le rend apte à dialoguer avec les cailloux ? Avec les remarquables dessins crayonnés de Natali Fortier, on voit sous nos yeux s’animer ces cailloux, petits visages sans corps comme un personnage d’Odilon Redon. Les cailloux ramènent Plupk à la maison… et à la fin de sa rêverie sur sa lecture. Car c’est aussi et surtout un livre sur la projection du lecteur dans sa lecture où il vit angoisses et résolutions imaginaires. Le
petit Plupk rappelle Pinocchio avec son nez bizarre mais dans cet album, tous les êtres sont affublés d’un nez, d’un bec, ou d’un museau particulièrement pointus : pointent-ils les mensonges de l’imaginaire ?…

Claudine Charamnac Stupar