Claire Castillon - Flammarion jeunesse


Difficile de parler de ce livre : abordons-le par « l’histoire ». Le narrateur, Wilco, lycéen, est fou amoureux de celle qu’il surnomme Apothéose. C’est dire le piédestal sur lequel il la place. Tous les jours, il la regarde passer sur son trajet pour le lycée. Il se penche pour mieux la suivre du regard, il se penche trop et chute du cinquième étage. La suite, c’est l’hôpital, l’enfermement dans un corps brisé, l’impossibilité d’échanger et l’avenir qui se réduit. Voilà pour « l’histoire ». Car l’important n’est pas là. Si émotion il y a, elle est bien cachée dans un récit au « Je » très distancié, sur le mode de la dérision. Mais avec une grande tendresse. Quand il évoque ses parents résolument optimistes, sa soeur qui s’est rasé le crâne, le copain maladroit, c’est toujours avec un humour qui empêche les larmes de monter. Les réactions des uns et des autres, leurs propos, leurs souhaits sont en constant écart avec la fin qui se rapproche. Ainsi son père veut absolument que son fils puisse voir les étoiles de son lit ! Dont Proxima du Centaure, la planète où il pourrait continuer de vivre…Guère possible quand il y a un étage au-dessus. Plus personne n’est rationnel. Mais peut-on être dans le rationnel quand il reste si peu à vivre ? Une fois le livre refermé, reste l’impression d’avoir toujours été entre rires et larmes, entre humour et tendresse. Peut-être bien dans ce registre très adolescent où l’on sourit de ce qui fait mal, où l’on se moque de soi pour ne pas se prendre au sérieux, « on n’est pas sérieux quand on a 17 ans » disait Rimbaud…

Bernadette Poulou