Christine Naumann Villemin - Kaléidoscope

Illustrateur : Marianne Barcilon

On a adoré Rabounia, son nom dégoûtant, sa mine renfrognée, son chapeau d’amanite tue-mouche, bien campée dans ses Adidas !… L’histoire réjouira les plus petits avec ce lapin qui a perdu son doudou et dont les pleurs agacent Rabounia. Pour son propre confort, la voilà obligée de fabriquer un doudou et le temps que celui-ci ramollisse, vieillisse, et sente… le doudou, quoi ! elle va devoir câliner le lapin, lui chanter une chanson, d’agaçantes mais troublantes nouveautés pour elle… Les dessins très aquarellés ont la drôlerie et l’impertinence qu’on avait aimées dans La tétine de Nina. Mais au plan littéraire, le livre présente une remarquable originalité : il installe d’emblée la sorcière comme un personnage de papier, qui habite donc dans son histoire !… Et les cris du lapin qui a perdu son doudou signent l’intrusion d’une autre histoire. Le « drame » de Rabounia , c’est donc qu’elle va devoir sortir de son histoire habituelle pour s’aventurer dans une autre. CE QUI NE SE FAIT PAS… Cette métanarration ou jeu sur le statut du personnage de papier fera le bonheur des chercheurs, elle invite l’enfant à différencier réel et littérature mais elle l’initie encore plus subtilement car , comme le dit Catherine Tauveron in L’album ou le parti pris des images : « L’album a le pouvoir inouï de visualiser la problématique du personnage contemporain. La rendant à sa manière lisible, il pourrait bien être pour le jeune lecteur, une propédeutique à d’autres lectures exigeantes ».

Claudine Charamnac-Stupar