Burban, Alain - Ateliers Art Terre

Illustrateur : Martin, Paskal

Skita est un projet intéressant et original : proposer aux enfants dyslexiques un album exigeant et accessible. Exigeant par sa qualité littéraire et artistique. Accessible par le choix de la typographie, de la mise en page et du séquençage des phrases. Projet soutenu notamment par l’Association des Adultes et des Parents d’Enfants Dyslexiques (AAPEDYS 35). Skita, vieux singe, sage, se souvient de sa longue vie, et raconte quelques passages sous son arbre à palabres. Il habitait dans un cirque et nous entraine dans le tumulte de sa vie faite de voyages et de rencontres. Rencontre avec Lili la petite souris avec qui il vécut des moments forts. Mais elle disparut de sa vie ; il resta seul. Longtemps. Méditant. Puis une
invitation de ses amis à les rejoindre à l’arbre à palabres et à parler, mit un terme à cette existence solitaire et lui ouvrit les portes du bonheur, de l’échange et de la transmission. On retrouve les particularités des illustrations des Ateliers Art Terre : photographies de sculptures et mises en scène en matériaux de récupération. Après Epik et Rosemonde, Skita nous emmène dans un univers fabriqué : canettes de soda, conserves et autres boites métalliques nous ouvrent les portes d’un monde imaginaire incroyable. Le récit de cette vie est le prétexte pour un jeu sur les expressions françaises : « verser des larmes de crocodile », « la nuit tous les chats sont gris »… Des références historiques pointent également au détour d’une page : « un matin d’hiver 1954, je m’en souviens très bien, il gelait à pierre fendre ». Une exigence et une qualité pas toujours accessibles pour les plus jeunes et les
plus en difficulté mais qui seront source d’échanges et raviront les adultes. Lorine, 10 ans, dyslexique : « Je trouve que le titre est difficile à lire et à prononcer, comme d’autres mots dans le texte [Edgar, Raymond]. Je ne comprends pas bien le texte et le lien entre tout ce qui est écrit. J’aimerais que les mots difficiles soient mis en valeur pour mieux les lire et retenir l’orthographe. » Cependant elle juge que la police est bien adaptée, la mise en page claire et aérée pour une meilleure lecture et compréhension des mots. On ne peut que louer cet engagement à proposer aux enfants en difficulté de beaux livres adaptés et espérer que d’autres éditeurs jeunesse proposent, à leur tour, des albums de qualité aux jeunes dyslexiques. (version audio disponible sur le site www.art-terre.com).

Marie Pierre Darfeuille