Christine Féret-Fleury - Oskar


Sous l’appellation roman, c’est en fait un conte initiatique pour une lecture artistique du monde. Dès le premier chapitre, de façon allusive et poétique, une petite fille à la personnalité riche et généreuse passe son chemin en se hâtant : elle est en service ; un paquet précieux et quelqu’un qui attend. La toute jeune servante apporte au peintre d’estampes Hokusaï les flacons de couleur et l’improbable bleu de Prusse qui sont le sens de sa vie. Avec lui, elle va poser sur toute chose un regard neuf, une compréhension artistique et poétique ; la transmission infuse. « Et n’oublie pas, ce n’est pas toi qui crées la vague. C’est elle qui s’empare de tes doigts malhabiles pour déferler et rugir. » « Non, il l’a dit, le papier n’est pas vide, sa blancheur vide fait partie de l’oeuvre à venir. » La maturation intérieure de l’enfant s’opère en notre présence. La compréhension et l’échange avec le vieux maitre s’installent. Les mots deviennent inutiles. Le rituel du thé fonde leur pacte. Un trésor de finesse, de profondeur, de
délicatesse, de retenue, bravo. Et pour illustrer cet hymne à l’estampe, très peu de choses, pas d’illustrations, deux papillons graphiques ponctuent certains chapitres, c’est tout, mais beaucoup de blancs et la mise en page très étudiée donne du rythme et fait palpiter le texte. Le livre se termine
par un dossier documentaire sur le peintre Hokusaï, l’estampe, l’oeuvre fameuse La Grande Vague et « d’autres images cachées dans le texte ».

Marie Dufon Roche